« Tout va bien, Maman est là »

Un papa, ça lâche souvent des petites phrases du genre : « t’y arrives mieux que moi », « le gnome veut téter », « je ne sais pas faire », « avec moi, il ne veut pas », « il te veut », « il veut que ce soit toi »… Et du coup, un papa, ça s’échappe, ça se trouve du temps libre pour mater des séries, jouer à des jeux vidéos, farfouiller sur le net et ça prend un air sérieux et occupé pour qu’une fois le Gnome refourgué tu n’oses plus le déranger et que tu finisses par te démerder comme une grande.
Ce que tu fais.
Enfin, c’pas parce que t’es mère que t’as la science infuse de la parentalité hein. Toi non plus on t’a pas filé de mode d’emploi quand t’as pondu ton gamin.
Toi non plus tu sais pas toujours comment faire, toi aussi t’es aussi dépassée quand tu ignores pourquoi le gnome pleure à chaudes larmes. Pourtant, tu es là. Tu fais ce que tu peux. Tu câlines, tu chantonnes, tu répètes à ton tout petit que « tout va bien, maman est là ». Tu y mets de la conviction dans cette phrase, tu as besoin de te convaincre toi-même pour que ton gnome y croit. Et heureusement. Si on faisait comme font souvent les papas (et même certaines mamans, remarque) les gnomes seraient résignés et auraient toujours la couche crade (quoi ? Tu la connais pas celle là « je change sa couche des que j’ai fini mon truc, j’en ai pour deux secondes », puis au bout d’un quart d’heure, tu sais que l’acidité de la crotte a commencé à attaquer la petite peau fragile du fessier de ton gnome alors tu t’en vas lui changer sa couche, sans moufetter).

Moi, j’ai de la chance. Le matin, de 8h à 9h et le soir de 18h à 19h/19h30, c’est l’AnDouille qui s’occupe du gnome. Par contre, le soir, dès que j’ai passé la porte de la maison, c’est finit, je retrouve cette sorte d’exclusivité implicite pour la gestion de tout ce qui touche au petit. Et j’ai intérêt à être bien organisée, j’te l’dis !
Y a 3 genres de soirée type ici.
• La perfect : je rentre, le gnome est nourri, lavé, plus qu’à jouer et à téter avant le dodo. S’font rares les soirées perfect.
• La « peut mieux faire » : je rentre, le gnome est nourri, je dois le laver, le faire téter, le coucher. 2 à 3 soirs sur 5.
• La « mais vous avez foutu quoi tout ce temps ? » : je rentre, le gnome n’a pas dîné et n’est pas lavé. Celle-là, je la retrouve au moins tous les lundis. Le gnome refuse de manger et répète à tue-tête « maman » jusqu’à ce que je rentre… Et une fois rentrée, il m’accueille avec un grand sourire et répète « tétée » jusqu’à ce que je sorte sa bouffe de mon soutif ! 1 à 2 soirs sur 5.

Bref, je te parle pas de mes weekends, enfin pas aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, fort est de constater qu’un papa, ça peut se défiler sans trop de conséquences (sauf pour toi ) – et parfois ça ne rate pas une occas’ de le faire – et visiblement certains l’ont bien compris.

Du coup, une maman, ça reste, ça gère tant bien que mal, ça dort pas ou peu, ça fait des listes interminables de choses à faire avec ordre de priorité, ça réfléchit sans cesse jusqu’à s’en coller des migraines et ça répète calmement et chaleureusement, des que le besoin s’en fait sentir que « tout va bien, maman est là ». Et finalement, c’est vrai. Si maman est là, tout va bien.
Maman, elle trouve toujours une solution, elle a toujours un câlin en réserve, un sein chaud et laiteux contre lequel se blottir, un bras gauche de nageuse Est-Allemande qui permet de porter un gnome tout en faisant autrechose de la main droite, elle sait inventer des jeux avec une boite de maïzena et une conserve de sardines, elle rassure quand au creux de la nuit les premiers cauchemars font leur entrée, elle prend le temps pour son petit. Elle est là, tout simplement. Pas dans cinq minutes. Maintenant.
Une disponibilité immédiate, qui rassure, qui conforte et réconforte.
C’est comme ça que je suis maman et je ne sais pas faire et je ne peux pas faire autrement, c’est viscéral, animal, comme l’allaitement.
Un besoin d’être présente, en cas de besoin.
Et tout va bien !